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La curiosité comme point de départ, le réalisme comme chemin

Ce que je voyais, ce que je croyais — et comment le dessin m’a appris à faire la différence


Non, ça n’a pas commencé à ma naissance bien que j’ai toujours eu mes crayons de couleurs près de moi et que je prenais toutes les occasions possibles pour dessiner.

Mon parcours en art a véritablement débuté il y a une dizaine d’années, presque par hasard, avec un cours de trois heures par semaine à l’Académie des Beaux-Arts de Montréal.

C’était léger, sans prétention. Mais ce premier dessin a marqué le début d’un chemin bien plus profond que je ne l’imaginais.


En haut à gauche: Peinture d'une nature morte à l'huile faite par observation directe


Premiers traits, premières peurs

J’avais choisi une académie axée sur l’art réaliste sous les recommandations .d'une amie. Je n’étais pas attirée par l’abstrait ou le conceptuel. Le réalisme me semblait plus accessible : plus d’étude, plus de rigueur, une forme de communication plus directe.

Mais dès le premier cours, je me suis retrouvée figée.

La professeure m’installe devant une courge décorative, aux formes étranges. Elle me dit simplement : « Dessine ça. »

Et tout s’emballe dans ma tête : Mais qu’est-ce qu’elle veut? Est-ce que je fais bien? Est-ce qu’on va me juger?

D’un coup, toutes mes insécurités ressortent :mon besoin de plaire, ma peur de décevoir, cette sensation d’être une intrus.

Comme si je n’avais pas le « bon regard », pas le « bon langage », pas le droit d’être là.


Apprendre à voir, vraiment

Ce que j’ai découvert ensuite m’a marquée profondément : dessiner, c’est apprendre à voir.

Voir sans nommer, sans catégoriser. Observer sans projeter.

Faire taire le mental, pour se fier uniquement à la perception visuelle — sans jugement, sans attente, sans interprétation trop rapide.

C’est un exercice plus difficile qu’il n’y paraît.

Dès les premiers traits, le cerveau veut reprendre le contrôle :

« Ça ne ressemble à rien… Tu n’as pas le talent… Tu n’y arriveras jamais… »


Ces pensées, souvent inconscientes, influencent la main, la crispent.

Le trait se durcit, l’attention se disperse, et on se précipite vers les détails.On oublie de regarder la forêt, on se perd dans l’écorce.

On veut forcer la ressemblance.

Ce qu’on observe devient fragmenté, confus. On veut trop faire, trop vite, et on s’éloigne de ce qu'il y a vraiment devant nous.


La technique comme pleine conscience

Le dessin réaliste m’a appris la souplesse, autant du trait que du mental.

Dessiner, c’est poser un trait approximatif, puis le corriger, et recommencer.

Ce n’est pas un processus rectiligne, malgré que les étapes soient assez claires.

C’est une exploration fluide, organique, parfois sinueuse.

Une danse entre les sens, l’intuition et l’ajustement.

Et plus encore : c’est un exercice proche de la pleine conscience.

Quand j’y suis vraiment, le temps ralentit. Tout disparait sauf l’objet, le projet et moi. Les pensées se taisent.

Mais ce processus est parfois pénible — non parce qu’il est désagréable, mais parce qu’il est confrontant.

Il demande d’avoir le courage d’être présente à mes jugements, à mes tensions, à mes exigences.Il m’apprend à traverser l’inconfort sans m’y accrocher.


Et si le résultat n’était pas le plus important?

Aujourd’hui, je crois que le plus important n’est pas le résultat.C’est ce que mon être entier traverse au fil du processus.

Chaque fois que j’arrive à me détacher de la peur d’être jugée,

chaque fois que je choisis de continuer malgré le doute,

chaque fois que je suis douce avec moi-même en effaçant un trait…

…je fais un pas de plus vers une création plus libre.


Conclusion

Ce n’était qu’un cours, une courge, quelques traits de crayon.Mais c’est là que tout a commencé.Et ce que j’ai appris ce jour-là continue de nourrir ma pratique encore aujourd’hui :voir autrement, dessiner autrement, me considérer autrement.


Remerciements

Un merci tout particulier à l’Académie des Beaux-Arts de Montréal, à Romina Sol Catanzaro et à Audrey Champoux pour leur accompagnement essentiel sur ce chemin.

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